Jeppe Hein

Minimalistes et interactives, les sculptures et installations du Danois Jeppe Hein bousculent la perception de l’espace, en invitant le spectateur à activer le mécanisme des œuvres à son insu. Dans sa galerie berlinoise, une brillante sphère d’acier posée à même le sol commence, à peine le public entré, à se mouvoir de façon incontrôlée jusqu’à percuter violemment murs, portes, mobilier, comme animée par une force destructive obscure, annihilée sitôt l’absence humaine constatée par des capteurs (360° Presence, 2002).

Si espace et figures se construisent et se déconstruisent dans une sculpture labyrinthique constituée de miroirs brisés (Spiral Labyrinth, 2006), la métaphysique du rapport de l’homme à l’architecture se déploie également dans Changing Space (galerie Wallner, 2003). Dans cette œuvre manipulée par une technologie sophistiquée, le mur d’un white cube des plus neutres se meut lentement de façon à le transformer en un étroit couloir enserrant le visiteur.

Ailleurs, dans l’espace urbain, les jets d’eau d’une fontaine cessent à l’approche du spectateur, incité dès lors à pénétrer au centre de l’œuvre, ce qui réactive immédiatement le mur d’eau, cernant ainsi le public surpris (Space in Action/Action in Space, 2002). À la Caixa de Barcelone, des boules de métal en mouvement permanent reflètent les œuvres et le public environnants, dont elles semblent recréer les comportements hésitants et les déplacements erratiques (Continuity Reflecting Spaces, 2003).

En adjoignant des mécanismes technologiques aux codes formels de l’art minimal, Jeppe Hein noue entre l’œuvre, l’espace et le spectateur un éminent dialogue participant d’une esthétique relationnelle ouverte, déterminée à provoquer de nouvelles interrogations et perceptions.

www.jeppehein.net

Portrait © Mai Tran – Revue 303 n° 106, “Estuaire, le paysage l’art et le fleuve”, 2009


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