Le voyage en hiver
Partout dans Nantes
À Flot d’airain
Dominique Blais

Depuis 2022, Dominique Blais met en mouvement le son des clochers de Nantes comme un souffle traversant l’espace urbain, longeant le fleuve, et reprenant la topographie de la ville-port. À proximité des églises concernées, l’artiste a investi les ponts et grues attenantes pour amplifier les sonneries des édifices. La Loire joue ainsi un rôle de réflecteur, de « miroir », pour réverbérer le son et intensifier la propagation de l’œuvre.

En 2023, À Flot d’airain renouait avec les annonces sonores, les cloches sonnant toutes les heures de 9h à 21h. Cette année, Dominique Blais dévoile le troisième acte du projet en y introduisant une dimension troublante : celle d’un dysfonctionnement résiduel et aléatoire, comme si un phénomène inexplicable venait ébranler la partition. Ces perturbations subtiles se manifestent par des décalages, des déplacements ou des distorsions des sons des cloches. À Flot d’airain évoque ici les événements naturels qui agissent sur notre environnement ou encore les influences cosmiques qui viennent perturber de manière plus ou moins perceptible le champ électromagnétique de la planète.

Tout commence par le son des cloches des églises de Nantes qui se font entendre par vagues, d’ouest en est. Cette succession de tintements préfigure une réplique plus ample, qui déferle à l’image d’une onde de marée. Chaque jour, à 13h13, 17h17 et 18h18, des concertos apparaissent comme le point d’orgue de la composition. Telles deux solistes, les cloches de la basilique Saint-Nicolas (répliquées à la passerelle Schoelcher) et de l’église Sainte-Croix (répliquées sur le pont Haudaudine) font entendre leurs timbres et émettent des sonorités aquatiques renvoyant à la présence toute proche de la Loire.

Quelques minutes après ces duettos, des tintements persistants surgissent depuis les douves du château. Dans sa partition, Dominique Blais intègre les cloches de l’Abbaye royale de Fontevraud, dont le son produit à la surface de l’eau des cercles concentriques – comme des reflets visuels du son des cloches.

Dans ce nouvel opus Dominique Blais illumine le clocher de l’église Sainte-Anne à l’ouest et la tour du Lieu Unique à l’est, à l’image de deux phares dialoguant silencieusement. La chorégraphie visuelle hypnotique, ponctuée de crépitements et de variations d’intensité lumineuse, devient le pendant de la partition sonore.

Dominique Blais est né en 1974 à Châteaubriant, il vit et travaille à Paris. Il est représenté par la galerie Xippas (Paris).

Préservation et valorisation du patrimoine grâce au projet de Dominique Blais qui a permis de rénover 10 clochers et d’installer de nouveaux équipements dans six d’entre eux.
« 10 clochers ont été rénovés. Les cloches sont un son oublié qui fait partie de notre histoire. C’est important de le réhabiliter car il accompagne la vie des hommes depuis si longtemps ».
Père Le Huen, en charge de la paroisse Notre-Dame de Nantes

Le Noël de Dominique Blais

Que représentent pour vous les fêtes de fin d’année ?
C’est la trêve des confiseurs ! Journées courtes, nuits longues, et des images récurrentes : le froid ambiant, les couches de vêtements, les boissons chaudes, les odeurs épicées, les foules dans les rues, les lumières blanches et colorées, et bien entendu le son des cloches qui résonnent dans les airs.

Avez-vous un/des rituels particuliers ?
Arpenter les rues de la ville où je me trouve, à l’écoute de mon environnement immédiat.
Selon vous, en quoi Le Voyage en hiver s’inscrit dans ces traditions ?
Au travers de commandes à des artistes pour (ré)investir la ville de Nantes avec des propositions sculpturales, lumineuses et sonores, immersives et festives, Le Voyage en hiver s’inscrit dans une tradition généreuse d’amener l’art dans l’espace public, au contact des habitants et des touristes. Dans le contexte particulier d’une période de fêtes, les artistes conservent la liberté d’imaginer des projets en adéquation avec la commande et les réalisent à destination exclusive du public.

Comment vos œuvres s’inscrivent dans ce contexte particulier ? Cela a-t-il eu un impact sur votre manière de penser l’œuvre ?
Le contexte est au cœur de ma démarche artistique. L’œuvre À Flot d’airain est évidemment pleinement envisagée – pensée et produite – pour la ville de Nantes pendant cette période de fêtes ! Elle invite le public à s’arrêter, prendre le temps, se rassembler, écouter. C’est une invitation à une pause (méditative) dans le tumulte de la ville. C’est d’une certaine façon un nouveau rituel pour les familles nantaises.

Êtes-vous pour ou contre les films de Noël ? Ouvrez-vous les cadeaux le soir du 24 ou le matin du 25 ? Bûche pâtissière ou bûche glacée ?
Si on parle de films comme It’s a Wonderful Life de Frank Capra, je dis pour !
Comment ouvrir des cadeaux le soir du réveillon alors même que le père Noël ne serait pas encore passé !? Une hybridation : bûche pâtissière glacée.