Si un monument illustre à la perfection le mouvement des « immobiles », c’est bien celui en l’honneur d’Adolphe Billault, réalisé par le sculpteur Amédée Ménard, à la fin du 19e siècle.
Avocat réputé, reconnu pour ses qualités d’orateur, Adolphe Billault a doublé sa carrière de juriste d’un itinéraire politique qui traversa la monarchie de Juillet, la IIe République et le Second Empire.
Au lendemain de sa mort, en 1863, le conseil municipal de Nantes adopte la proposition d’ériger une statue en l’honneur de cet homme politique, figure locale et ancien ministre de Napoléon III. À l’issue de plusieurs concours, on choisit le sculpteur nantais Amédée Ménard.
La sculpture en pied du « grand homme », en bronze, est entourée au pied de son socle par quatre allégories représentant l’Éloquence, l’Histoire, la Jurisprudence et la Justice, en référence à son parcours professionnel et politique.
En 1867, le monument est inauguré place Lafayette (actuelle place Aristide-Briand) devant le palais de justice de l’époque. Il sera déposé dès 1870, après la chute du Second Empire, par le conseil municipal qui fait le choix de le retirer « discrètement » afin d’éviter tout acte de vandalisme ou sa destruction par des républicains revanchards. L’ensemble est alors entreposé dans les caves du palais de justice.
En 1924, la statue d’Adolphe Billault réapparaît dans le jardin du musée Dobrée, jusqu’en 1941, où en pleine Seconde Guerre mondiale, la statue est envoyée à la fonte par le régime de Vichy.
Tombées dans l’oubli et privées de leur protagoniste, les quatre allégories furent extraites des caves du palais de justice en 1977, pour être transférées vers les jardins de la Garenne Lemot, à Clisson. Le retour à Nantes interviendra dans les années 1990, où les allégories retrouveront une partie de leur socle et un espace de conservation.
En collaboration avec la Direction du patrimoine et de l’archéologie de Nantes et Nantes Métropole, Le Voyage à Nantes présente les allégories du Monument à Adolphe Billault d’Amédée Ménard, 153 ans après son retrait de l’espace public.