Michel Blazy travaille avec le vivant : des plantes et des éléments tirés du jardin ou des matériaux périssables issus du quotidien (coton hydrophile, papier toilette, aliments, mousse…). Le hasard, l’imprévu, le laisser-faire sont au cœur de son œuvre, dans laquelle il met souvent en scène cette capacité qu’a la nature à se répandre sur toutes choses.
L’eau est omniprésente dans le travail de Michel Blazy. Elle dessine des formes et provoque des phénomènes physiques lorsqu’elle est mise en contact avec d’autres matériaux. L’idée de fontaine préoccupe l’artiste depuis longtemps. Ses « fontaines de la bonne volonté » font ainsi surgir de la mousse ; d’autres mettent en scène des jaillissements de pop-corn ou de bières ; parfois des serpillières à franges deviennent elles-mêmes des fontaines !
Pour la place Royale, Michel Blazy s’est donc tout naturellement tourné vers sa monumentale fontaine : il en détourne les flux et le positionnement en intervenant également sur les caniveaux. En étroite collaboration avec le fontainier qui réalise toute l’année son entretien, il s’est attaché à redimensionner les capacités et à modifier le fonctionnement de l’équipement. Intervenant sur le périmètre de la place, où il fait apparaître de la brume, Michel Blazy propose de nouvelles circulations aux visiteurs qui, de surprise en surprise, découvrent une partition d’événements impromptus qui se succèdent.
Dysfonctionnements aléatoires, trajectoires déviées des jets, échappées, débordements de toute part proposent un basculement, une expérience atypique de l’espace public, où les fontaines sont habituellement appréciées pour leur rythme continu et leur lancinant et rassurant écoulement d’eau.